Le Chasse-Marée
On trouve ce nom pour la première fois dans une ordonnance de 1350 réglant un litige entre les transporteurs de poissons et la Maison du Roi.
Cette dernière souhaitant se réserver ce commerce alors florissant.
Le terme chasse-marée désigne soit la voiture, soit le bâteau côtier qui transportaient la marée (mareyeur), lesquels acheminaient les produits de la pêche jusqu’aux lieux de consommation.
Sur le plan maritime, le Chasse-Marée était un petit bâtiment côtier ponté servant au cabotage et transport des produits de la mer; sa rapidité lui permettait de livrer la sardine de la côte atlantique vers Nantes ou Bordeaux.
Dans son livre sur Cadoudal, Jean de le Varende parlait de ces Chasse-Marées bretons ayant permis de débarquer des troupes de cet opposant à Bonaparte sur la presqu’ile de Rhuys.
Les voituriers partaient principalement de Picardie, notamment de Dieppe, mais aussi du Tréport ou de Saint-Valérie-en-Caux pour cette Route du poisson entre cette province et Paris.
Le voyage passait à travers l’ancienne Haute Normandie :
Pays de Caux, Clères, Rouen, entre Gisors et Gournay, puis direction Paris, en entrant le plus souvent par la barrière de Clichy.
L’attelage, comportant de hautes roues, était composé de quatre chevaux de race boulonnaise allant par paire.
Il y avait quarante lieues (160 km) entre Dieppe et les Halles, terminus de la course, et ceci à un train d’enfer en moins d’un tour de cadran d’horloge, soit le cycle d’une marée.
Cette rapidité servait à compenser l’absence de conservation par le froid.
Sur le mur d’un ancien relais de poste de Bouchevilliers, dans l’Eure, on peut encore lire aujourd’hui « Route des Chasse-Marées ».
Victime connue de cette voie de circulation, François Vatel, célèbre cuisinier du Prince de Condé ne put recevoir à temps un important chargement de poissons pour un diner de son maître qui recevait alors le Roi Soleil. Son honneur ayant été bafoué, il se suicida sur l’instant avec sa propre épée.
La carrière de cette route culinaire verra son terme avec le développement des conserveries de poissons à la fin du 19ème siècle.
